Arie Berkulin, ‘Drapeaux’, acier de couleur rouille, 2,5 × 6 × 6 m, 1982, Eindhoven (photo Peter Cox, Eindhoven).
fut en réalité conçue comme une sculpture de sol. Visiblement, l'artiste s'inspira en premier lieu du moment où les drapeaux se croisent en rasant le sol. Cette harmonie de plusieurs oriflammes est représentée dans la sculpture par quatre hampes qui se dressent obliquement et par les étendards reliés entre eux. Deux bandes d'un drapeau sont toujours rehaussées et sont rattachées, animées d'un mouvement de rotation, au sommet de la hampe d'un autre drapeau. Là aussi, une solidarité a été créée et le dessous se transforme en dessus. La longueur des bandes correspond, toutes proportions gardées, à celle des bandes du drapeau des Pays-Bas, qui est le double de leur hauteur; les bandes médianes de couleur blanche ont systématiquement
Arie Berkulin (o1939) (photo Marco Bakker, Edam).
été oubliées. Ce sont des formes négatives qui permettent à l'espace de pénétrer dans la sculpture et offrent en même temps un aperçu de l'ensemble de l'oeuvre. A chaque fois, ces assemblages donnent à voir les teintes ‘rouge’ et ‘bleue’, qui apparaissent ici sous la forme d'acier couleur rouille. Quiconque parcourt le
Stadswandelpark (Parc de promenade municipal) à Eindhoven éprouve l'élan puissant et le grand dynamisme de la sculpture qui se transmettent à son environnement. Pour terminer cet article consacré à la sculpture d'Arie Berkulin, je voudrais en résumer succinctement les caractéristiques.
Chaque sculpture dévoile elle-même son processus de création. Ceci engendre une rationalité claire qui observe le principe de causalité. En rendant ainsi hommage à la logique, Berkulin rejette les solutions de facilité; selon lui, les décisions relatives à la forme doivent résulter d'un développement interne de l'oeuvre et ne peuvent pas être imposées de l'extérieur. Il a une prédilection pour les poutres, les rectangles, les triangles, les cercles et les formes qui en dérivent, c'est-à-dire pour les formes de base, à l'instar des membres du groupe De Stijl (Le style). Arie Berkulin se sent apparenté à ce courant. Il ne pense pas en termes de volumes plastiques. Il utilise le métal plutôt que tout autre matériau, par exemple la pierre plus introvertie ou le bois. Les mesures et les matériaux que lui offrent les entreprises de construction déterminent en partie l'apparence de ses sculptures. Ces matériaux sont employés de façon non seulement réfléchie mais aussi économique, ce qui correspond à une nécessité interne. L'espace est incorporé par la sculpture, qui l'enceint et dont l'articulation lui donne ainsi une forme. Ici se manifeste l'affinité qui existe entre Berkulin et le constructivisme russe de 1913 et des années suivantes. Quiconque réalise que le constructivisme et De Stijl avaient des points communs, prend une fois de plus conscience du caractère fondamental et conséquent de l'oeuvre d'Arie Berkulin.
josé boyens
Adresse: Hogewaldseweg 33, NL-6562 KR Groesbeek.
Traduit du néerlandais par Patrick Grilli.